Le bus en chine, c’est toujours un peu l’angoisse. Il roule vite, double n’importe comment, klaxonne 10 fois par minutes. Mais surtout, on ne sait jamais où on va arriver. Il y a Jiuhuashan, la montagne, le site qu’il faut visiter, mais aussi la gare routière d’où partent les bus pour y aller, et la ville où il y les hôtels, d’où partent des bus pour aller à la gare routière, d’où partent les bus pour la montagne. Mais tout ça, porte le même nom, mais est à une heure de route l’un de l’autre ! Donc de la ville à la montagne, il y a deux heures de route, et c’est là que j’ai réservé une auberge, sans avoir la moindre idée de tout ça.
On arrive à la gare routière qui semble est le point de départ de la visite. On ne sait pas où on est, ne sait pas où est l’auberge, comment on va à la montagne, d’où partent les bus pour les montagnes jaunes que l’on doit réserver, on ne sait rien. On trouve un centre d’information pour les touristes, c’est écrit en anglais, par contre les hôtesses n’en connaissent pas un mot.
Notre sauveur n°2 est un jeune qui veut nous aider car étant allé aux Etats Unis, il comprend notre douleur et apprécie est gens prêts à aider les étrangers qui sont perdus. Il nous indique où acheter nos billets, où prendre le bus pour la montagne, pour notre prochaine étape, et nous dit qu’il y a même des hôtels sur la montagne et que c’est plus pratique car le dernier bus pour rentrer à notre auberge est très tôt et nous ne laisse pas le temps de monter cette après-midi. (pourtant, il est midi. Pourquoi rien n’est jamais pratique ?)
Nous tentons donc d’y monter, nous verrons bien. Arrivés 40 min plus tard dans une masse de touristes, nous nous avançons vers un hôtel qui parait correct mais les prix paraissent un peu chers. Un chinois nous a repérés et essaye de se faire comprendre par des gestes « Vous cherchez un hôtel ? » On le suit, on a rien à perdre. Il nous propose 300 yuans pour une chambre, ce qui est bien au-dessous des prix dans le coin. La chambre est sommaire, mais on un peu l’impression d’être chez l’habitant. Si on change nos plans et qu’on ne passe qu’une nuit, pourquoi pas, ça nous évitera les 2h de transport allez retour. OK, on commence à négocier avec le chinois et sa femme, et on gagne presque 100 yuans. C’est encore un peu cher pour une chambre avec une douche au-dessus des toilettes turcs, mais on dirait qu’on a fait des heureux ! Ils nous offrent le thé et nous font la conversation. On remue la tête mais malheureusement nous ne pipons pas mot.
Nous commençons notre visite de Jiuhuashan : Un lieu de pèlerinage pour les bouddhistes en quête de calme et de spiritualité. Les temples de succèdent dans le village et le long de promenades dans la montagne. En quelques heures de ballade, nous visitons une dizaine de lieux de culte à la bonne odeur d’encens et à la décoration riche et dorée. Les fidèles sont nombreux à prier devant les statues qui se succèdent. Nous, simples visiteurs, nous intriguons ces pèlerins venus de toute la Chine et qui n’ont visiblement jamais vu de blancs. Même en assistant à une cérémonie de moines, nous remarquons que certains ne peuvent s’empêcher de nous regarder.
Le soir, un repos bien mérité s’annonce au restaurant du coin. Difficile de choisir un restaurant dont on a confiance parmi les petits bouis bouis chinois à une ou deux tables. Nous optons pour un gros restaurant qui parait populaire, où on choisit nos plats en désignant des assiettes de démonstration. Pratique pour éviter le coup de la soupe de haricots rouges. En plus, on est trop fort, on sait même dire « et deux bols de riz ». On est pas déçus, le repas, dont on partage les plats à la mode chinoise, est délicieux. La famille d’à côté voudrait que l’on se joigne à eux pour une conversation (surement très limitée), et on répond par traducteur de smartphone interposé que l’on viendra après notre repas. Malheureusement, ils partent avant en nous laissant sur les bras un mot manuscrit en chinois indéchiffrable par notre application Samsung. Au moment de payer, par contre, nous sommes obligés de comprendre que notre repas a déjà été payé. Et trop tard pour les remercier !!
En passant acheter des biscuits pour le lendemain, nous sommes sceptiques dans la boutique. Je regarde de très près, retourne, renifle le paquet de biscuits chinois afin de me faire une idée. Le vendeur, une fois de plus, essaye de communiquer avec nous. « Ils sont top top mes gâteaux !! » Dit-il en langage des signes. Une fois de plus, nous regrettons de ne pas pouvoir communiquer avec ces locaux tous très sympathiques et curieux, et honnêtes, contrairement aux grosses zones touristiques où les occidentaux affluent.
Le lendemain, nous sommes prêts pour l’ascension du mont Jiuhua, chemin grimpant parsemé de 1000 temples et de petits moines bouddhistes dévoués. A 6 h du matin, nous avons la chance d’être quasiment les premiers sur le chemin. Aux premiers temples, les fidèles nous regardent toujours avec attention mais on plus de temps et de place pour commencer la conversation. Un petit moine sort de son temple pour parler avec nous. Il essaye tant bien que mal de nous raconter quelque chose, n’importe quoi, tiens il s’avance pour essayer mes lunettes en disant "kan kan kan? (regarder en chinois). On arrive à faire comprendre qu’on vient de France, il dit surement qu’il n’y voit pas très bien avec mes lunettes.
On continue notre ascension en regrettant notre manque de conversation, on aurait au moins pu utiliser nos connaissances de chinois et lui demander son anniversaire.
Les temples sont de plus en plus simples, sans prétention, et les marches sont de plus en plus raides.
Des singes sur le chemin piquent le sac d’un promeneur et commencent leur repas. Le singe qui ouvre la bouteille de thé glacé et se boit un coup, ça fait bien rire les chinois.
La vue est magnifique vue d’en haut, les temples sont authentiques et ont résisté à toutes les vagues de destructions de l’histoire chinoise (vu la hauteur, on comprend pourquoi). Mais il est l’heure de rentrer prendre notre bus pour les montagnes jaunes, bien reposés par cette pause spirituelle (et bien musclés par les escaliers).
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