Vadrouilles. Embrouilles. Débrouilles

Comment dire, le parc du Yosemite (prononcer yosémiti) dans la Sierra Nevada, est une star en Californie. J’en ai entendu parler quasiment tous les jours, par les locaux ou les voyageurs. Il parait qu’il est inscrit au patrimoine mondial de l’humanité. En fait, je savais un peu à quoi m’attendre car je l’avais vu depuis l’avion en venant de Vegas ! En avion, tout est tout petit, mais j’ai quand même aperçu une énorme cascade dans des énormes falaises, je me suis dit tiens ça doit être ça le Yoso-je-sais-plus-trop-quoi.

Donc enfin un week end de libre, il faut planifier ça avec l’équipe. Sarah y va avec ses parents mais Guillema, une copine de Phelma, nous rejoint. Du coup, on doit partir à 5 mais Gillema habite à Palo Alto, Juned à San José, et le reste à Berkeley. Un peu l’opposé de la baie. L’organisation part mal, le temps de louer la voiture et de chercher tout le monde le samedi matin, on devrait partir à 11h. Et il y a quatre heures de route. En plus il y a des feux de forêts on ne sait pas à quoi s’attendre.

Bref, un éclair de génie au dernier moment et Juned louera la voiture le vendredi, et il viendra avec Gillema passer le vendredi soir et dormir à Berkeley, comme ça on partira TOT.

Ils arrivent vendredi soir et on se retrouve avec Raf et moi, et on décide de manger une glace à Yogourt Land, le paradis de Berkeley. On choisit autant de parfums qu’on veut et de garnitures, le tout est au poids. Gigi n’est jamais venue à Berkeley et je lui explique que c’est une ville étudiante assez animée et un peu hippie. C’est là que le mouvement hippie est né il y a 40 ans. Dans la rue on croise toujours des gens improbables, qui jouent du tamtam à vélo, font une danse ethnique en ronde ou font tomber volontairement des vinyles dans les rues. Voyons ce qui arrivera ce soir.

A peine nous commençons la queue pour se servir de la glace que deux personnes font toc toc à la vitre en nous montrant leur pizza. Nous on leur montre la glace. Miam miam. Ils ont l’air d’avoir compris qu’on ne sortira pas sans avoir fini cet énorme pot multiboules+fraise-oreo-lytchee- éclats de caramel. Après m’être servi mon troisième parfum, je ne peux plus me concentrer pour le 4 ème, le jeune qui était à la vitre est déjà à côté de moi, et me pose plein de question du genre –quel parfum préféré ? oh, française ? – oh, quesquetufais ici ?-alors tu ne veux pas de pizza ? Le deuxième est déjà assis à la seule table de libre et fais signe à mon groupe pour qu’on s’assoie avec eux. C’est un guet-apens. On s’assoie, on fait connaissance, ces deux jeunes gens sont en train de monter leur entreprise, intéressant, ils ont les yeux qui pétillent quand ils en parlent. Enfin surtout Jason, le plus vieux, il est typé chinois mais, comme diraient certains, il a les yeux tellement écarquillés quand il parle qu’on dirait qu’il va se débrider. Le deuxième, Brice, est beaucoup plus réservé. C’est le geek de l’entreprise semblerait-il. Il me demande si je suis myope comme lui, et quand Gigi lui demande ce qu’il y a à voir en priorité à San Francisco, il imite un lion de mer d’une façon très ressemblante (non ce n’est pas un compliment désolée).

On va ensuite dans un bar sympa avec eux, en suivant les conseils de Jason. Il n’y a pas beaucoup de places de libres, mais Jason n’est pas gêné par le fait de partager une table avec des gens qui sont déjà là. Il s’incruste à leur table, se présente, demande leur noms et nous présente tous un par un, comme si il nous présentait à des vieux potes à lui. Les gens sagement assis à leur table ont l’air de trouver la situation aussi absurde que moi vu le regard qu’ils nous lancent, avant de reprendre leur discussion là où elle en était.

Jason ne baisse pas les bras pour autant et interpelle deux filles un peu plus loin. « Hé, salut ! » Il désigne Raf. « Il veut juste vous dire bonjour, mais il est timide ». Raf répond « euh non » d’un air surpris, mais les filles ont déjà repris leur discussion elles aussi en essayant de cacher leur rire.

Nous nous asseyions finalement dans un grand canapé en partageant une bière, Jason parle toujours d’un air aussi enthousiaste et débridé. Il parle du livre qu’il est en train de lire, « understanding power », livre qui a changé sa vie, qui a changé la carrière de son ami ingénieur, et j’en passe. Il est tellement à fond que Raf et moi commençons à faire semblant d’être vraiment à fond avec lui. Il nous fait lire des citations, nous parle de l’auteur, il est tellement à fond avec nous que j’ai du mal à m’empêcher de rigoler. Je fais semblant de noter sur mon portable le nom du livre pour l’acheter plus tard, mon T9 me propose « understanding poker ». Parfait !

Il a l’air d’avoir compris, on change de sujet, maintenant c’est encore pire, on parle de sa passion, la mer et le surf. Il dit que c’est un « water boy » et qu’il peut reconnaître n’importe quel water boy à son physique, ses yeux, ses cheveux, sa peau. D’un coup, il se lève et dit qu’il va chercher à reconnaitre les water boys, et s’en va. J’entends une petite réflexion à côté de moi en français qui dit « ce mec est taré ».

Bref, après avoir plaisanté sur son adresse email « lov-warm-water(at)hotmail.fr, sauter sur un muret à pieds joints en chaussettes, et voir une imitation de lion de mer, nous nous disons au revoir.

Gigi vient dormir chez moi, nous traversons le campus de nuit sous la pleine lune, puis je lui fais visiter ma maison. Il y a une chambre de libre avec 3 lits, je pense qu’elle sera bien pour la nuit, je lui dit que ça pourrait arriver que quelqu’un traverse la chambre pendant la nuit pour aller dans la salle de bains, mais comme on ne dormira que de 1 h30 à 6h30 la probabilité est faible. Bonne nuit les petits !

Le lendemain, le réveil est très tôt mais nous n’avons pas fait les courses la veille, avec ces histoires de Jason et de waterboys. Je vais voir Gigi et lui demande si elle a bien dormi. Vu sa tête, on ne dirait pas. Elle me dit que c’était très étrange. Je lui demande si des gens l’on dérangée, elle me dit oui, je me suis réveillée en pleine nuit car deux personnes couchaient ensemble dans le lit juste à côté... Je n’ai pas osé intervenir, et ça a duré 1h. Heureusement qu’ils n’ont pas allumé la lumière à la fin… Oups, je suis très gênée de lui avoir donné cette chambre, mais je ne savais pas ce qui se tramait là dedans. Heureusement, elle a l’air de trouver ça un peu plus drôle que choquant. On a quand même essayé d’élucider le mystère de qui c’était, après réflexion il doit s’agir de E. la coloc trash dont je vous parlais. Bref, bienvenue à Berkeley…

Nous prenons la route tous ensemble, direction le Yosemite ! La voiture est confortable, et comme d’habitude le paquet de gâteaux sur l’accoudoir ne fait pas long feu. Raf essaye d’être le responsable des gâteaux mais les enfants qui l’entourent sont intenables.

Après s’être dépêtrés avec brio grâce à Juned d’un petit mensonge à l’agence Hertz, pour rajouter nos noms sur la liste des conducteurs (maintenant nous travaillons tous chez IBM mais chut), nous reprenons la route et arrivons au parc du Yosemite.

Si je devais le décrire en trois mots, je dirais « le pays enchanté » puisque c’est la seule phrase qui me vient à la bouche pendant toute l’après midi. Je dois quand même citer Arnaud qui m’a appris cette expression en revenant de Chine, alors Arnaud, ça y est j’ai trouvé le pays enchanté.

Falaises verticales de granit de 900 m, montagnes de granit géantes, chutes d’eau les plus hautes d’Amérique du Nord, forêts de pins immenses, faune et flore surprenantes, séquoias géants, que rêver de mieux (moins de visiteurs peut être).

On se décide à faire une petite rando qui longe deux cascades, Vernal falls et Nevada falls. Entre les falaises de granit, elles sont moins hautes que la célèbre Yosemite falls mais tout aussi majestueuses. Ici, interdit de se baigner sous peine de risquer de se faire emporter dans une cascade puissante. Enfin, mine de rien, ça donne envie, surtout au smartphone de Juned qui, épris de liberté, sauta de son rocher et fit le saut de l’ange jusqu’à l’eau claire et pure. Récupéré illico, mais mouillé, il créa la plus grosse contrariété du week end, sans compter que nous venons aussi de perdre notre GPS.

Il y a des photos de personnes disparues dans les torrents, on se dit qu’on doit prendre des jolies photos au cas où ça nous arrive, parce que franchement…

Arrivés en haut, nous sommes en haut de la cascade, mais l’eau est calme, les rochers sont chauffés par le soleil, et du coup, nous aussi. Nous faisons une bonne pause pour finir les gâteaux et perdre les chaussettes de Raf.

Arrivée à l’hôtel, mauvaise surprise, on ne peut pas mentir sur le fait que l’on est 5, et la chambre était censée être pour 2 (même si il y largement a quatre places, et ouai). L’addition est plus salée que d’habitude, mais le standing plus pourri, c’est un motel pas terrible pour le prix d’un trois étoiles, et en plus on paye pour qu’une personne en plus dorme par terre. Cette fois on n’a même pas le jacuzzi, enfin si un peu, la baignoire est bouchée. Enfin bon, ce n’est pas grave, c’est tout ce qu’on a trouvé pas trop loin du parc cet qui n’est pas réservé depuis déjà 3 mois. On dort encore peu, on profite bien du petit dej, et on a tous la bonne tête du matin.

Ronflements dans la voiture, et on arrive au parc pour la deuxième journée, au programme une rando jusqu’au « glacier point » pour avoir une belle vue sur le parc. Le chemin est joli, nous avons une belle vue sur le Yosemite falls, célèbre chute d’eau de plus de 700 m. Nous croisons un serpent rouge et noir hum hum, des geais bleus et des écureuils, mais nous n’avons toujours pas vu d’ours. Au sommet, la vue sur la vallée est splendide. Les écureuils ont l’air d’avoir l’habitude des touristes car ils viennent essayer de nous dépouiller de notre pic nique. L’un d’eux arrive à nous voler la moitié d’un sandwich, on les trouve de moins en moins mignons.

Nous quittons le parc avec regret, deux jours, c’était bien trop court. En plus, on n’a même pas vu d’ours. Nous sommes bien claqués dans la voiture, et ça sent bon la chausette. Juned tente de dormir sur l’épaule de Loïc mais il se prend un net refus. Dommage.